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Hervé

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Dans le bleu avec le grand blanc

(Afrique du Sud)

Bien que mon éthique écologique ne soit pas versée vers ce type de pratique vis-à-vis des animaux, c’est-à-dire, aller à leur rencontre par le biais d’appâts, j’ai testé cette expérience pour vous. En voici un résumé chronologique.

M’étant décidé pour une expédition fixée le lendemain après-midi (choix possible avec le matin), je m’inscrivis auprès d’un des neuf prestataires, pour la somme de 900 rands, soit environ 90 €.

Le jour venu, à midi, c’est par un repas que je fus accueilli au centre de plongée. Après m’avoir fait signer une décharge, le capitaine expliqua le déroulement de la journée.

« Vous serez un maximum de quatorze personnes à embarquer au port sur notre navire qui est constitué d’un équipage de cinq membres. Ceci se réalisant facilement, étant donné que le bateau est à sec ; un tracteur, par une rampe, aidant à sa mise à l’eau. Puis, après une vingtaine de minutes de navigation, vous arriverez sur le site.

L’équipage récupérera la cage, la fixera à la coque bâbord de l’embarcation, et amarrera cette dernière à des corps-morts. Sera jeté par-dessus bord quantité de sang et de chairs pilées de poissons afin d’attirer les grands requins blancs. Suivant leur humeur et leur appétit, les squales viendront plus ou moins rapidement goûter à la friandise qui leur est proposée. Toutefois si au bout de trois d’heures d’attente aucun individu ne s’est présenté, nous retournerons au port, sans que vous ne puissiez demander à être remboursé. Jusqu’à présent, ce cas de figure ne s’est jamais présenté.

Plus de deux cents membres de cette espèce ont élu domicile dans la baie, c’est au monde la concentration la plus importante. Dès que l’un de nos invités aquatiques se sera présenté, les quatre premiers volontaires iront s’équiper à l’avant du bateau, d’une combinaison à leur taille et d’un masque ajusté.

Ensuite ils viendront à l’arrière afin que l’on les leste d’un baudrier et une ceinture de plombs, puis ils se placeront sous mes ordres dans la cage de la manière que je leur indiquerai. Dedans, ils resteront en appui sur leurs pieds et en position quasi assise, jusqu’à leur donne le signal de plonger. En aucun cas une partie de leurs membres ne devra dépasser de la cage. En position d’attente, ils se tiendront aux barreaux du dessus une fois que la cage sera fermée. En apnée, les pieds reposeront sur le fond de cette cellule temporaire, et leurs mains sur leurs cuisses. Au bout d’une demi-heure, ils seront remplacés par l’équipe suivante. Celle-ci ayant commencé à se vêtir, dès que leurs prédécesseurs seront dans la cage, ainsi de suite.

À l’arrivée d’un grand blanc, je lancerai le filin où est accroché une tête de thon, puis tirerai cette ligne vers la cage, dans le but d’attitrer le poisson. De toutes les manières notre sortie n’excédera pas plus de trois heures. Votre présence dans la cage étant le fait de votre volonté, et non une obligation, de la sorte, le prix de la prestation est identique que vous plongiez ou non.

À votre retour à terre, outre un diplôme et du café, du thé, et autres boissons et gâteaux, vous sera proposé le film de la journée. Je reste à votre disposition pour toutes les questions, mais vous avertis qu’un manque du respect des consignes vous exclura immédiatement de la plongée. Vous trouverez sur le bateau de quoi vous restaurer et boire, ainsi que des toilettes. En espérant que nos compagnons soient au rendez-vous ! Étant donné que notre départ est fixé dans une heure, je conseille à ceux susceptibles d’être indisposés de prendre dès à présent leur médicament. L’océan étant toujours agité ici. »

Le grand blanc Diplôme

Ainsi, fut dit, ainsi fut fait. Treize des quatorze personnes plongèrent, sept eurent un peu le mal de mer, mais toutes furent satisfaites. La visibilité étant d’environ cinquante centimètres, les apnées étaient très courtes, et j’ai mieux perçu le requin depuis le bateau que dans la cage. Nonobstant ceci, l’expérience en vaut le prix, et la sécurité est maximum.

Hervé GUILLOT